Zarina Boily
Comment savoir si ta mémoire de travail déborde
18:40
 

Comment savoir si ta mémoire de travail déborde

Si tu verses l’équivalent de 1 litre de liquide dans un contenant de 500 ml, qu’est-ce qui se passe ?

Je sais, pas besoin d’être un génie comme Albert Einstein ou d’avoir un doctorat pour répondre à cette question, mais il y a un lien avec le TDAH que tu ignores peut-être et qui fait une énorme différence quand tu le sais.

Imagine que tu fais une recherche sur ton ordinateur pour trouver un document.

Tu SAIS qu’il est stocké quelque part mais peu importe la combinaison de mots que tu utilises pour le trouver, le fichier est introuvable.

Le même scénario se produit si tu as un défi d'attention.

La capacité de rétention et de gestion d’information du cerveau TDAH est moins grande que celle du cerveau non-atypique.

C’est ce qu’on appelle la mémoire de travail, un système ou procédé qui permet de retenir temporairement une pensée, une consigne ou une information.

En plus de manipuler l’information, la mémoire de travail est responsable de la concentration et du focus.

La mémoire de travail, c’est aussi être capable de garder une nouvelle information ou de conserver celle qui est déjà stockée afin de l’utiliser pour une raison précise à un moment précis.

Ça t'es peut-être déjà arrivé de vouloir mettre en contexte une situation en essayant de trouver une expérience similaire dans tes souvenirs pour une décision que tu dois prendre.

Accéder à cette information, qui peut être la manière que tu avais utilisé, comment ça s'était passé et ce que tu avais appris dans le processus parce tu sais que ça faciliterait grandement la tâche.

Tu cherches dans tes souvenirs pour retracer le moindre détail ou la moindre information puis…rien.

Il t’es impossible d’accéder à cette information ou à ce souvenir, comme si ce qui avait été répertorié n'avait jamais existé.

La mémoire de travail est celle qui garde en tête un objectif, ramène des souvenirs et des ressources de différentes parties du cerveau, traite l'information et l’utilise au moment où s’attaquer à un problème ou un but doit se faire dans l’immédiat.

Le hic c'est qu'avec un défi d’attention, la mémoire de travail fonctionne moins bien parce que le cortex préfrontal est moins actif.

Heureusement, les recherches démontrent qu’il est possible d’améliorer sa mémoire de travail, mais ce n’est pas grâce au multitasking.

Le multitasking n’est PAS ton ami

J’ai longtemps pensé que j’étais plus productive en faisant plusieurs tâches en même temps.

Je croyais que j’avançais plus vite en divisant mon attention, mais je faisais fausse route.

Le multitasking ce n’est pas uniquement une question de mettre son attention sur plus d’une tâche à la fois.

Le multitasking peut vouloir dire mettre son attention sur deux ou trois tâches en même temps, faire passer notre attention d’une tâche à l’autre très rapidement ou faire plusieurs tâches les unes à la suite des autres.

En comprenant ce qu'était le multitasking, j’ai réalisé que je le confondais avec les tâches combinées.

Je te donne un exemple. Il m’arrive souvent de faire la vaisselle pendant la cuisson du souper. Non, nous ne faisons pas nécessairement la vaisselle après chaque repas chez moi.

En combinant ces deux tâches, j’évite de partir de la cuisine pour faire autre chose et finir par oublier que j’ai mis l’eau à bouillir pour les pâtes et la sauce à réchauffer.

Aussi, je ne vois aucune utilité de rester devant la cuisinière à attendre que l’eau soit à ébullition, donc, faire la vaisselle pendant que le repas cuit fonctionne très bien…pour moi en tous les cas.

Le cerveau n’est pas conçu pour le multitasking

Trop de tâches en même temps crée un embouteillage cognitif pour le cerveau qui fini par mener à la surcharge mentale.

Le centre de commandes du cerveau opère comme un contrôleur aérien pour gérer les tâches une à la fois afin de décider comment, quand et dans quel ordre ou priorité elles seront exécutées.

Tu te doutes bien que si le contrôleur aérien essayait de gérer l'atterrissage et le décollage de plusieurs avions en même temps, ce serait une véritable catastrophe sur la piste.

Le défi avec un cerveau comme le nôtre est de s'entraîner et se pratiquer à commencer une chose, avoir quelques astuces pour nous aider à la mener à bien tout en s’assurant d’avoir une manière de procéder qui se veut compatible avec le fonctionnement de notre cerveau.

Voilà pourquoi le «multitasking» nuit à notre cerveau plus qu’il lui est bénéfique parce que nous essayons de penser à plusieurs choses en même temps, alors que notre cerveau a de la difficulté avec le traitement de l’information.

En bout de ligne, ça peut facilement surcharger la mémoire de travail et si elle est déjà restreinte au niveau de sa capacité de rétention d’information, difficile de passer à côté de l’épuisement mental.

Le fait est qu’en ayant de la difficulté à faire tri dans les informations, de ce qui est requis en ce moment, de chercher dans la base de donnée l’information sauvegardées qui pourrait être utile sans la trouver, ce n’est pas surprenant que la machine surchauffe.

Ça ne veut pas dire pour autant qu’il y a quelque chose de dysfonctionnel chez nous ou que nous sommes brisés.

Et ça ne veut pas, mais surtout pas dire que le cerveau neurotypique est mieux que le cerveau atypique.

Ils sont différents, tout simplement.

Quelques indicateurs que la mémoire de travail est en cause

Une vingtaine d’élément sont été identifiés pour mieux comprendre une mémoire de travail moins performante.

Je t’en présente quelques-unes et je suis certaine que tu vas te reconnaître.

Ce qui est indéniable avec le défi d’attention c’est que nous sommes extrêmement doué pour commencer quelque chose de nouveau.

Lorsqu’un projet nous excite et nous passionne, tu sais, ces idées où on se dit: Mais je suis un génie, c’est l’idée du siècle !!!

Il n’y a pas grand chose qui peut nous arrêter.

On se donne à fond pendant un moment et…on abandonne cette idée géniale pour une autre idée qui l’est tout autant sinon encore plus.

Ça c’est l’incapacité ou la difficulté à mener quelque chose à bon port et ça nous indique une mémoire de travail moins performante.

Pourtant, quand il s’agit de persévérance, nous sommes champions.

Voilà un des nombreux paradoxes du TDAH.

Même chose avec les objectifs que nous arrivons difficilement à maintenir dans le temps.

Au début, y’a pas plus motivé que nous jusqu’au moment où nous avons l’impression que nous n’y arriverons jamais, que ça prend beaucoup plus de temps qu’on pensait et que, mieux vaut abandonner puisqu’il n’y a pas de résultats.

La ou les tâches sont trop longues ou exigeantes.

Je me souviens des difficultés que j’ai eu à apprendre les tables de multiplication en troisième année du primaire.

J’avais même triché dans un test parce que je n’arrivais pas à mémoriser où à accéder à l’information de ce que j’avais appris.

Plus tard, ça c'est manifesté dans la difficulté à faire des calculs mental, apprendre l’algèbre et solutionner des problèmes raisonnés.

Le fil à retordre que ça m’a donné.

Ouf!!!

Pourtant, j’ai une excellente logique et je suis bonne pour résoudre des problèmes, mais ça, mon cerveau n’était tout simplement pas dans sa zone de performance la plus top.

En cours d’histoire, me souvenir des dates qu’il fait connaître par cœur, j’y arrivais pas. Il faut dire aussi que ce n’était pas une de mes matières préférées.

Alors imagine ce qui s’est passé quand, à ma première session du programme de journalisme que j’ai fait en anglais à Calgary, à quel point j’ai rushé dans le cours d’histoire des médias.

Comme si, savoir en quelle année l’alphabet et la première presse avaient été inventés et par qui allait me servir dans le métier.

Tout ça m'amène à soupçonner fortement que la mémoire de travail a aussi quelque chose à voir avec la gestion de l’argent, les paiements de factures en retard à répétition, les avis de mon paiements et l’accumulation de dettes.

Encore plus de pistes

La liste d’indicateurs d’une mémoire de travail sous performante est encore longue, mais ce qui est chouette avec la compréhension c’est que ça facilite l’acceptation.

Alors s’il t’arrive:

  • d’oublier ce qui doit être fait
    de ne pas savoir comment ou d’oublier de diviser une tâche en sous tâches
  • de ne pas porter plus d’attention aux détails
  • d’avoir de la difficulté à planifier et à structurer les choses dans une séquence
  • de lire, relire, relire et re-relire le même paragraphe dans un livre
  • d'avoir de la difficulté à te souvenir d’un numéro de téléphone
  • de ne pas comprendre une phrase dans une conversation ou une réunion

Rappelle-toi que la mémoire de travail est une des formes de mémoire (aussi appelée mémoire à court terme) qui garde une information pendant quelques secondes avant qu’elle ne soit utilisée pour exécuter une tâche.

Par exemple :

  • résoudre un problème arithmétique où la mémoire de travail stocke le résultat d’un calcul avant que le ‘cerveau’ calcule l’étape suivante du problème.

Ce sont tous des indicateurs que la mémoire de travail est en cause sauf que la bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de l’améliorer.

Il est possible d’augmenter les capacités de mémoire de travail à l’aide des « chunks » : par exemple, retenir SNCF + OMS + OCDE pour mémoriser la liste de lettres C-F-O-C-E-D-M-S-N-O sera beaucoup plus facile.

Ainsi, on n’a plus qu’à retenir 3 éléments groupés au lieu de 10 éléments séparés. C’est comme la règle de grammaire en français pour retenir les conjonctions « mais où est donc car-ni-or» pour mais, et, où, et, donc, car, ni, or.

L’astuce suivante ne permet peut-être pas d’améliorer la mémoire de travail, mais porter attention aux mots que tu utilises pour parler de tes difficultés est un must.

Plus l’emphase est mis sur:

  • c’est difficile
  • c’est compliqué
  • je ne suis pas capable de
  • je n’arrive pas à
  • je ne suis pas bon.ne pour

Et bien c’est ce que ton cerveau enregistre et il fera exactement ça.

Plus tu le dis, plus ton cerveau exécute la commande que tu lui donnes.

Au final, ça devient ta réalité qui, elle, forge ton identité.

Tu deviens la personne pour qui c’est difficile, compliqué, pas capable, qui n’arrive pas à et qui n’est pas doué pour.

Plus tu dis que tu n’es pas bon ou bonne pour gérer l’argent, moins tu seras en mesure de créer une réalité différente, à moins de savoir quel Money Language tu parles.

La prochaine classe expérience est le 28 mars à midi et tu as accès au replay si tu ne peux pas être là. Tu auras plus d’infos et pourras t’inscrire en cliquant ici : https://www.zarinaboily.com/offers/agGioFnt/checkout

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